Je suis une artiste.
Hier, j’ai décroché mes œuvres.
Hier, j’avais un sentiment de fierté.
Mes œuvres ont orné ces murs pendant 2 mois. Ma première exposition solo digne de mention, autre que dans les bars et cafés. Une belle réussite pour moi. J’avais l’impression d’être là où je devais être, là où je voulais être.
Là où j’avais travaillé pour me rendre.
Hier sur la route du retour, je repensais à la moi d’il y a quelques années au moment où elle a choisit de poursuivre ses rêves et vivre de son art. Je réfléchissais et je faisais des liens.
Plusieurs artistes ressentent à un moment de leur parcours le syndrome de l’imposteur. C’était mon cas. Pourquoi je me nommerais artiste? À quel moment j’aurai une carrière assez établie pour me présenter en tant qu’artiste? Puis-je me permettre de demander tel montant pour mes œuvres alors que j’ai peu d’expérience? Je débute, je ne suis pas encore une artiste…
Quand on me demandait ce que je faisais dans la vie, ma réponse spontanée était :
« Je travaille dans un café-studio de peinture sur céramique¹ »
... T'oublierait pas quelque chose Anne-Marie?
* * *
J’ai assisté la semaine dernière à une conférence sur l’intention, donnée par Jocelyn Pinet. (Merci Creative Morning pour ces conférences inspirantes!) M. Pinet parlait de l’importance de nommer nos intentions, nos objectifs, dans les différences sphères de nos vies car ils ponctuent la façon d’entamer nos journées. « L’intention est une mise en action. » disait-il. Certaines intentions sont inconscientes certes, mais lorsqu’on choisit volontairement de se créer une certaine intention, toutes nos réflexions et nos actions seront posées de façon à justifier cette intention, tant que l’on reste engagé à celle-ci.
Hier, sur le chemin du retour, j’ai compris que j’avais fait un parfait exemple de ce dont parlait M. Pinet. Un jour, j’ai décidé que j’allais mettre tout en œuvre pour percer ma place dans le monde de l’art et pouvoir vivre de mon art, de ma passion. Du jour au lendemain, ma réponse à la question sur mon emploi a changé : « Je suis artiste peintre. Je travaille aussi dans un studio de peinture sur céramique. »
Qu’y avait-il de différent de la veille sur mon statut d’emploi? Concrètement, à ce moment précis, seulement mon intention. Mais voilà que cette intention de vivre de mon art avait été nommée et les actions sont venues de soi.
Est-ce que je croyais fermement à ce que je disais? Je dirais que le syndrome de l’imposteur me suivait de près au départ en remuant mon estomac à chaque fois que je me présentais avec ce titre, cette étiquette. Puis les vagues se sont calmées, et j’y ai cru de plus en plus.
Le fait d’affirmer être une artiste m’a donné la force de « prendre le temps » en me bloquant des plage-horaires spécialement pour la création. J’avais le droit et surtout le besoin de justifier le titre que je m’étais donné. Cela m’a permis de produire assez d’œuvre pour exposer, puis pour amener en symposiums, puis pour répondre à des appels de dossiers… D’autres occasions se sont enchainées : des ventes via internet, de la peinture en direct, des concours, un prix : une exposition solo…
J’ai compris qu’avant d’affirmer être une artiste, mon intention était de « vivre de mon art si jamais je voyais que ça pouvait marcher. » Ce n’est pas un appel à l’action. Personne ne va se lever et déplacer des montagnes avec une destination aussi floue et …lâche! (Je l’avoue!)
Hier, je me sentais fière, enveloppée dans les doux commentaires reçus suite à une exposition réussie. Fière de réaliser que je devais tout à cet instant où j’ai dit : je le veux, et je le peux! Fière et surtout reconnaissante à la vie d’avoir mis cette occasion sur mon chemin.
Ce qui a été nommé ici comme « l’intention » dans ce contexte est très similaire aux notions d’objectif, d’affirmation ou de visualisation. De se répéter à haute voix un objectif chaque matin, de l’écrire pour l’affirmer, de l’afficher sur le frigo pour le garder en tête, de le nommer à quelqu’un, de le visualiser chaque fois qu’on est sous la douche, de l’intégrer dans notre routine quotidienne... Il y a 1000 façons de créer cet engagement et ça commence toujours par la simple création d’une intention. C’est un pouvoir extrêmement puissant que de croire en quelque chose. J’ai toujours cru que c’est un avantage majeur de l’optimiste : au lieu de voir des obstacles, il voit des opportunités d’innover en contournant ces obstructions. Parce qu’il y croit. Parce qu’on jour il a décidé qu’il avait l’intention d’y arriver.
Alors en morale de cette histoire, je finirais avec ce conseil qui peut s’appliquer à tout le monde, tout contexte :
Trouve ton objectif (ton vrai objectif, profondément), nomme ton intention et garde ton engagement envers celui-ci. Et pour la suite, suis le courant et saisis les opportunités qui s’offriront à toi. « Quand tu veux quelque chose, tout l’Univers conspire à te permettre de réaliser ton désir.² »
1) Crackpot Café. (P.S. j'aime mon travail! D'ailleurs j'y fais de la pub ici! ;)
2) Paulo Coelho, l’Alchimiste, 1988 (trad. Jean Orecchioni, éd. Anne Carrière, 1994, p.47)